Aller au contenu principal

Qualité de l’air dans l’environnement du Centre de Traitement et de Valorisation des Déchets Valoréna, campagne 2008

  • Air extérieur

Le centre de traitement et de valorisation des déchets Valoréna, situé à l'est de Nantes, a confié à Air Pays de la Loire la réalisation de la campagne annuelle 2008 de surveillance de la qualité de l'air autour de son établissement. Cette évaluation a été menée en mesurant un ensemble de polluants atmosphériques caractéristiques de ce type d'établissement : dioxines et furannes, métaux, ions chlorures et sodium dans les eaux de pluies, métaux, acide chlorhydrique et dioxyde d'azote dans l'atmosphère.

contexte : une surveillance réglementée de l'environnement

Les arrêtés préfectoraux du 9 décembre 1998 et du 14 avril 2003 imposent à l’exploitant du Centre de Traitement et de Valorisation des Déchets (CTVD) Valoréna à Nantes une surveillance annuelle de la qualité de l’air dans son environnement.

Depuis 2000, Air Pays de la Loire, réalise cette surveillance par la mesure des polluants atmosphériques suivants : métaux lourds, acide chlorhydrique, dioxyde d'azote. En 2003, ce dispositif a été complété, conformément à l’arrêté préfectoral du 14 avril 2003, par la mesure des dépôts totaux de dioxines et furannes.

objectifs : suivi réglementaire et évaluation de l'impact de Valoréna

Les deux objectifs de l’étude de cette campagne annuelle de surveillance sont :

  •  l’évaluation de la qualité de l’air par rapport aux valeurs réglementaires ;
  •  l’évaluation de l’impact des rejets de Valoréna sur la qualité de l’air environnante.

moyens : un dispositif complet aux techniques de mesures normalisées

deux indicateurs de pollution mesurés

Le dispositif mis en œuvre par Air Pays de la Loire permet d’appréhender deux indicateurs de la pollution :

  •  les dépôts par la collecte et l’analyse des eaux de pluie ;
  •  les concentrations atmosphériques.

une campagne de mesure de 7 semaines

La campagne s’est déroulée du 15 mai au 3 juillet 2008. Durant cette période, le fonctionnement de l’usine a été nominal.

les polluants mesurés

Les polluants suivants émis par l’incinération des déchets ont été mesurés soit dans l’air soit dans les eaux de pluie à l’aide de différentes techniques de collecte et d’analyse normalisées selon la commande passée par l’établissement Valoréna :

  •  9 métaux : As, Ni, Cd, Pb, Zn, Cr, Cu, Hg, Mn, analysés dans l’air et dans les eaux de pluie (normes FDT 90-119, NF EN ISO 5961, NF EN 1233, NF EN 1483, NF EN ISO 11-885) ;
  •  l’acide chlorhydrique via la mesure des chlorures analysés dans l’air (INRS 009 – NF ISO 10 304-2) et dans la précipitation (NF EN ISO 10304-2) ;
  •  le dioxyde de soufre et le dioxyde d’azote mesurés dans l’air (NFX 43-09 ; NFX 43-018) ;
  •  les dioxines et furannes dans les dépôts (secs et humides selon Durif 2001 ; US EPA 1613).

3 sites de mesure dans l'environnement de Valoréna

Environnement de l'établissement Valoréna et implantations des sites de mesure
Environnement de l'établissement Valoréna et implantations des sites de mesure

2 sites de mesure non influencés par Valoréna pour comparaison

Deux sites de mesure non influencés par les rejets de Valoréna (site urbain de la Chauvinière à Nantes et site rural de la Tardière en Vendée) ont été dotés de collecteurs de précipitation permettant la collecte et l’analyse des dioxines et furannes dans les eaux de pluie. Les mesures enregistrées sur ces deux sites non influencés permettent la comparaison des dépôts de dioxines et furannes avec ceux mesurés dans l’environnement de l’usine.

Localisation du site de la Chauvinière dans l'agglo nantaise et situation de la station de la Tardière en Vendée

résultats

les dépôts de dioxines et furannes

Les résultats des dépôts de dioxines et furannes, dont 17 congénères toxiques, collectés dans l’environnement de Valoréna et sur les sites non influencés sont les suivants :

Dépôts de dioxines et furannes enregistrés dans l’environnement de Valoréna et sur les sites non influencés
Dépôts de dioxines et furannes enregistrés dans l’environnement de Valoréna et sur les sites non influencés

L’ensemble des congénères a été détecté excepté le 1,2,3,7,8,9-hexachlorodibenzofurane. La dioxine la plus fréquemment rencontrée, l’octachlorodibenzodioxine, est ici aussi la plus fréquemment représentée, mais son caractère toxique est faible. La toxicité des dépôts recueillis est majoritairement due au 2,3,4,7,8-PeCDF et à la 1,2,3,7,8-PeCDD.

Les teneurs enregistrées au parc du grand Blottereau sont globalement plus faibles que sur les deux autres sites situés dans l’environnement de l’établissement.

La concentration de 11,7 pg ITEQ /m2/j relevée sur le site du Vieux Doulon, est vraisemblablement liée à des sources de combustion en air extérieur (appareils de cuisson à l’air libre, feux illicites,…).

Les profils des congénères relevés à l’usine des eaux et au parc du grand Blottereau sont très semblables à ceux des stations non influencées par l’établissement, La Chauvinière et La Tardière. Le profil issu des prélèvements de la station du Vieux Doulon diffère des autres et présente des teneurs relativement plus importantes pour certains congénères, 7 dioxines et un furanne dont 5 présentent un caractère toxique, caractéristiques d’une pollution locale.

Le site du parc du grand Blottereau n’étant pas impacté par ce phénomène, l’influence du CTVD est à priori exclue.

En conclusion, les dépôts mesurés au parc du grand Blottereau et à l’usine des Eaux sont faibles et ne montrent pas d’impact mesurable des rejets de dioxines et furannes de Valoréna durant la période de prélèvement. Le site du Vieux Doulon s’est trouvé influencé par une source de combustion extérieure, localisée dans le quartier, à l’origine d’une hausse du dépôt de certaines dioxines et furannes.

les métaux lourds dans l'air

Les concentrations moyennes en métaux mesurées sur chaque site sont reportées dans le graphique ci-après :

Concentrations moyennes 2008 en métaux mesurées dans l'environnement de Valoréna
Concentrations moyennes 2008 en métaux mesurées dans l'environnement de Valoréna

Les métaux mesurés peuvent se répartir en trois classes de concentration :

  • les éléments majeurs : Zn et Cu dont les teneurs moyennes se situent au dessus de 10 ng/m3 ;
  •  les éléments mineurs : Cr, Pb, Mn et Ni dont les concentrations moyennes sont comprises le plus souvent entre 1 et 10 ng/m3 ;
  •  les éléments traces : As, Hg et Cd dont les niveaux sont soit le plus souvent indétectables, soit légèrement au-dessus du seuil de quantification.

Cette classification est identique à celle observée les années précédentes.

comparaison aux normes

En extrapolant à une année les résultats obtenus autour de Valoréna pendant les 7 semaines, il est très vraisemblable que l’objectif de qualité pour le plomb ainsi que les valeurs cibles européennes pour l’arsenic, le nickel et le cadmium soient respectés dans l’environnement de Valoréna.

indications sur l’impact de Valoréna

Un croisement a été réalisé en calculant sur chaque site la relation entre les heures d’influence de l’établissement Valoréna et les concentrations en métaux enregistrées. Dans l’ensemble, aucune relation n’est mise en évidence.
En conclusion, les émissions en métaux de l’établissement ne conduisent pas à une augmentation détectable des niveaux.

historique

Globalement, les teneurs en chrome et nickel ont augmenté ces deux dernières années sur l’ensemble des sites. Les concentrations des autres métaux diminuent, parfois fortement, depuis 2006. Les teneurs en zinc sont également abaissées par rapport à 2007.

le dioxyde d’azote dans l’air

La pollution moyenne en dioxyde d’azote enregistrée à l’Usine des Eaux est 4 % plus faible que celle enregistrée dans le centre ville de Nantes. Cette situation est liée à la position centrale de la station la Bouteillerie proche du Jardin des Plantes, en lien avec des émissions polluantes d’origine automobile plus importantes. Les niveaux de pointe en dioxyde d’azote sont demeurés le plus souvent faibles à modérés, le maximum atteignant 79 µg/m3 le 22 mai 2008, et inférieurs au seuil d’information de la population fixé à 200 µg/m3 sur une heure.
L’analyse de la pollution en fonction de la direction des vents (rose de pollution) ne montre pas d’impact détectable des rejets de l’usine sur les teneurs atmosphériques en NO2 mesurées à proximité.

conclusions et perspectives : une qualité de l'air typique d'un milieu urbain

De manière générale, et comme en 2007, les polluants réglementés se situent nettement en-dessous des seuils réglementaires et sont représentatifs des teneurs habituellement observées en milieu urbain.

Les niveaux de pollution (en terme de dépôts et de concentrations) ne montrent pas d’impact mesurable des rejets de Valoréna entre le 15 mai et le 3 juillet 2008 pour le dioxyde d’azote, l’acide chlorhydrique et les métaux.

Un phénomène local de combustion, localisé dans le quartier, a soumis le site du Vieux Doulon à une hausse du dépôt de certaines dioxines et furannes.

La localisation de ce site sera réétudiée en 2009, de manière à s’affranchir de ce type de pollutions.