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Qualité de l’air dans l’environnement du centre de traitement et de valorisation des déchets Valoréna, campagne 2007

  • Air extérieur
  • Émissions climat

Valoréna, l'exploitant du centre de traitement et de valorisation des déchets situé à l'est de Nantes, a confié à Air Pays de la Loire la réalisation de la campagne annuelle 2007 de surveillance de la qualité de l'air autour de son établissement.
Cette évaluation a été menée en mesurant un ensemble de polluants atmosphériques caractéristiques de ce type d'établissement : dépôts dans les eaux de pluies et concentrations dans l'atmosphère de métaux (arsenic, nickel, cadmium, plomb, zinc, chrome, cuivre, mercure, manganèse), d'acide chlorhydrique, de dioxyde de soufre et dioxyde d'azote, de dioxines et furannes.
A l'image des années précédentes, les niveaux observés pendant la période de mesure n'ont pas montré d'impact significatif des rejets de l'établissement. Les niveaux de polluants réglementés ont été nettement en dessous des seuils réglementaires et restent représentatifs des teneurs habituellement observées en milieu urbain.

contexte : une surveillance réglementée de l'environnement

Les arrêtés préfectoraux du 9 décembre 1998 et du 14 avril 2003 imposent à l’exploitant de l’Usine d’Incinération des Ordures Ménagères (UIOM) Valoréna à Nantes une surveillance annuelle de la qualité de l’air dans son environnement.

Depuis 2000, Air Pays de la Loire, réalise cette surveillance par la mesure des polluants atmosphériques suivants : métaux lourds, acide chlorhydrique, dioxyde d'azote. En 2003, ce dispositif a été complété, conformément à l’arrêté préfectoral du 14 avril 2003, par la mesure des dépôts totaux de dioxines et furannes.

objectifs : suivi réglementaire et évaluation de l'impact de Valoréna

Les deux objectifs de l’étude de cette campagne annuelle de surveillance sont :

  • l’évaluation de la qualité de l’air par rapport aux valeurs réglementaires ;
  • l’évaluation de l’impact des rejets de Valoréna sur la qualité de l’air environnante.
  • depuis 2006, une mise en perspective des dépôts en dioxines et furannes mesurés dans l’environnement de Valoréna par rapport à d’autres études menées en France est réalisée.

moyens : un dispositif complet aux techniques de mesures normalisées

Valoréna, en commandant cette campagne d’évaluation, a donné son accord sur la nature du dispositif et des méthodes de mesure employées.

deux indicateurs de pollution mesurés

Le dispositif mis en œuvre par Air Pays de la Loire permet d’appréhender deux indicateurs de la pollution :

  • les dépôts par la collecte et l’analyse des eaux de pluie ;
  • les concentrations atmosphériques.

une campagne de mesure de 7 semaines

La campagne s’est déroulée du 30 octobre au 17 décembre 2007 prolongée jusqu’au 15 janvier 2008 pour les meures d’oxydes d’azote. Durant cette période, le fonctionnement de l’usine a été nominal excepté un arrêt du four 1 du 18 au 22/11/07 et un arrêt du four 2 du 9 au 12/12/07.

les polluants mesurés

Les polluants suivants émis par les usines d’incinération d’ordures ménagères ont été mesurés soit dans l’air soit dans les eaux de pluie à l’aide de différentes techniques de collecte et d’analyse normalisées selon la commande passée par l’établissement Valoréna :

  • 9 métaux : As, Ni, Cd, Pb, Zn, Cr, Cu, Hg, Mn, analysés dans l’air et dans les eaux de pluie (normes FDT 90-119, NF EN ISO 5961, NF EN 1233, NF EN 1483, NF EN ISO 11-885) ;
  •  l’acide chlorhydrique via la mesure des chlorures analysés dans l’air (INRS 009 – NF ISO 10 304-2) et dans la précipitation (NF EN ISO 10304-2) ;
  •  le dioxyde de soufre et le dioxyde d’azote mesurés dans l’air (NFX 43-09 ; NFX 43-018) ;
  •  les dioxines et furannes analysés dans les dépôts (secs et humides selon Durif 2001 ; US EPA 1613).

3 sites de mesure dans l'environnement de Valoréna

Environnement de l'établissement Valoréna et implantations des sites de mesure
Environnement de l'établissement Valoréna et implantations des sites de mesure

2 sites de mesure non influencés par Valoréna pour comparaison

Deux sites de mesure non influencés par les rejets de Valoréna (site urbain de la Chauvinière à Nantes et site rural de la Tardière en Vendée) ont été dotés de collecteurs de précipitation permettant la collecte et l’analyse des dioxines et furannes dans les eaux de pluie. Les mesures enregistrées sur ces deux sites non influencés permettent la comparaison des dépôts de dioxines et furannes avec ceux mesurés dans l’environnement de l’usine.

Localisation du site de la Chauvinière dans l'agglo nantaise et situation de la station de la Tardière en Vendée

résultats

les dépôts de dioxines et furannes

Introduction sur les émissions de dioxines et furannes dans l’air en France
D’après l’inventaire du Centre Interprofessionnel Technique d’Etudes de la Pollution Atmosphérique (CITEPA), les émissions nationales de dioxines et furannes représentent en 2005, 220 g ITEQ (équivalent toxique international). Depuis 1990, ces émissions sont en très forte baisse. Cette diminution est observée dans l'ensemble des secteurs, en particulier grâce aux progrès réalisés dans les domaines de l'incinération des déchets et de la sidérurgie.En 2006, l’ensemble des émissions nationales par les Usines d’Incinération des Ordures Ménagères est estimé à 8.5 grammes. Le flux était de 95 g en 2005 [2], soit une baisse d’un facteur 10 entre 2005 et 2006. Proportionnellement aux capacités de traitement et avec une émission annuelle estimée à 0,08 grammes de dioxines et furannes en 2006, Valoréna fait partie des UIOM les moins émettrices.

résultats 2007

Les résultats des dépôts de dioxines et furannes collectés dans l’environnement de Valoréna et sur les sites non influencés sont les suivants :

Dépôts de dioxines et furannes enregistrés dans l’environnement de Valoréna et sur les sites non influencés
Dépôts de dioxines et furannes enregistrés dans l’environnement de Valoréna et sur les sites non influencés

Les dépôts enregistrés dans l’environnement de Valoréna sont cohérents avec ceux enregistrés autour d’autres UIOM (inférieurs à 10 pg ITEQ/m2/j).
Sachant que selon Durif, seule une différence supérieure à 10 pg ITEQ/m2/j doit être considérée comme significative, les niveaux mesurés en 2007 dans l’environnement de Valoréna, en milieu urbain à Nantes et dans la station MERA (site de la Tardière) sont du même ordre de grandeur.

Dans l’environnement de Valoréna, à Nantes et à la Tardière, les dépôts enregistrés en 2007 sont proches de ceux mesurés les années précédentes. La toxicité des dépôts recueillis est majoritairement due aux 1,2,3,7,8-PeCDD et 2,3,4,7,8-PeCDF. En termes de concentrations les teneurs dans l’environnement de l’établissement sont proches de celles de la station urbaine de la Chauvinière avec des niveaux plus élevés sur le site du Blottereau. Les secteurs résidentiel et tertiaire contribuant pour 10 % à l’ensemble des émissions nationales de dioxines et furannes en 2005 ; [1], les sites environnant l’usine doivent comme le site de Chauvinière être sous l’influence de ces émissions urbaines. Les concentrations enregistrées à MERA sont systématiquement inférieures compte tenu de son éloignement des sources urbaines.

En conclusion, les dépôts mesurés à proximité de l’établissement selon la méthode de mesure utilisée sont faibles et ne montrent pas d’impact significatif des rejets de dioxines et furannes de Valoréna lors de la période de prélèvement.

l’acide chlorhydrique dans l’air

Les teneurs hebdomadaires en acide chlorhydrique ont évolué entre 0,1 et 0,5 µg/m3. Les niveaux obtenus en 2007 sont équivalents à ceux des années précédentes. À titre de comparaison, les niveaux en chlorures gazeux relevés par AIRNORMAND en 2002 sur 4 sites ruraux avant la réalisation d’une Usine d’Incinération d’Ordures Ménagères variaient de 0,5 à 2 µg/m3.
Les rejets d’HCl de l’usine n’ont pas été détectés dans les concentrations moyennes au sol mesurées dans l’environnement de l’établissement.

les métaux lourds dans l'air

Les concentrations moyennes en métaux mesurées sur chaque site sont reportées dans le graphique ci-après :

Concentrations moyennes 2007 en métaux mesurées dans l'environnement de Valoréna
Concentrations moyennes 2007 en métaux mesurées dans l'environnement de Valoréna

Les métaux mesurés peuvent se répartir en trois classes de concentration :

  • les éléments majeurs : Zn et Cu dont les teneurs moyennes se situent au dessus de 10 ng/m3 ;
  • les éléments mineurs : Cr, Pb, Mn et Ni dont les concentrations moyennes sont comprises le plus souvent entre 1 et 10 ng/m3 ;
  • les éléments traces : As, Hg et Cd dont les niveaux sont soit le plus souvent indétectables, soit légèrement au-dessus du seuil de quantification.

Cette classification est identique à celle observée les années précédentes. En particulier, nous retrouvons comme l’année passée des niveaux de cuivre, de nickel, de chrome et de manganèse plus élevés à l’Usine des Eaux confirmées par les meures effectuées dans les eaux de pluie.

comparaison aux normes

En extrapolant à une année les résultats obtenus autour de Valoréna pendant les 7 semaines, il est très vraisemblable que l’objectif de qualité pour le plomb ainsi que les valeurs cibles européennes pour As,Ni et Cd soient respectés dans l’environnement de Valoréna.

comparaison à un autre site instrumenté en 2007

Air Pays de la Loire a réalisé en 2007 un suivi des teneurs hebdomadaires en As, Ni, Cd et Pb à Saint-Étienne-de-Montluc dans l’environnement de la centrale EDF de Cordemais sur un site potentiellement exposé aux rejets de la centrale. Les niveaux en métaux enregistrés dans l’environnement de Valoréna sont légèrement supérieurs à ceux relevés à Saint-Etienne-de-Montluc. Cette situation peut s’expliquer par des émissions diffuses plus importantes dans une agglomération telle que Nantes. Les concentrations restent cependant faibles en comparaison avec les seuils réglementaires.

indications sur l’impact de Valoréna

Un croisement a été réalisé en calculant sur chaque site la relation entre les heures d’influence de l’établissement Valoréna et les concentrations en métaux enregistrées. Dans l’ensemble, aucune relation n’est mise en évidence.
En conclusion, les émissions en métaux de l’établissement ne conduisent pas à une augmentation détectable des concentrations dans l’air mesurées à proximité.

historique

Depuis 3 ans, nous enregistrons des teneurs en cuivre, manganèse et chrome, supérieures à celles des années précédentes notamment à cause des niveaux plus élevés sur le site de l’Usine des Eaux.

le dioxyde d’azote dans l’air

La pollution moyenne en NO2 enregistrée à l’usine des eaux est 7 % plus faible que celle enregistrée dans le centre ville de Nantes. Cette situation est liée à la position centrale de la station du Jardin des Plantes, en lien avec des émissions polluantes d’origine automobile plus importantes. Les niveaux de pointe (maxima horaires) en dioxyde d’azote sont demeurés faibles à modérés et inférieurs au seuil d’information de la population.

L'analyse de la pollution en fonction de la direction des vents (rose de pollution) ne montre pas d'impact détectable des rejets de l'usine sur les teneurs atmosphériques en NO2 mesurées à proximité.

conclusions et perspectives : une qualité de l'air typique d'un milieu urbain

De manière générale et comme les années précédentes, les niveaux de pollution (en termes de dépôts et de concentrations) ne montrent pas d’impact significatif des rejets de Valoréna durant la période d’étude. Les polluants réglementés sont nettement en dessous des seuils réglementaires et sont aussi représentatifs des teneurs habituellement observées en milieu urbain. Nous notons toutefois comme en 2006, des teneurs en cuivre, chrome et manganèse plus élevées sur le site de l’Usine des Eaux que sur les autres sites.