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Suivi des odeurs en Basse-Loire, bilan de l'année 2024

  • Air extérieur

En 2024, le suivi des nuisances olfactives en Basse-Loire a repris avec 13 riverains formés au Langage des Nez® dans les communes de Donges, Montoir-de-Bretagne, Corsept et Paimboeuf. Entre avril et décembre 2024, 76 % des journées d’olfactions sont odorantes. Les intensités odorantes sont toutefois moins marquées en 2024 (2 intensités fortes) qu’entre 2016 et 2020 (plusieurs dizaines par an). 
Les odeurs naturelles dominent le paysage olfactif (40 % des perceptions), mais les notes soufrées et le sulfurol, liées aux activités industrielles, deviennent majoritaires pour les intensités modérées à fortes. Donges concentre 53 % des perceptions, tandis que le sud de l’estuaire reste moins exposé, mais marqué par l’influence de la raffinerie et de Cargill.

Contexte et objectifs

Le suivi des odeurs, initialement mis en place entre 2015 et 2020 en Basse-Loire, a repris en 2024 avec le recrutement et la formation de 13 riverains volontaires au Langage des Nez®. La persistance des nuisances olfactives dans les communes de Donges, Montoir-de-Bretagne, Corsept et Paimboeuf, malgré les actions engagées par les industriels pour les atténuer, justifie la nécessité d’un suivi à long terme de la cartographie
olfactive de cette zone.
L’objectif de cette nouvelle campagne est d’assurer la continuité du suivi olfactif mené entre 2015 et 2020, en s’appuyant sur un jury de nez reconstitué dans les quatre communes potentiellement exposées aux émissions industrielles.

Moyens

Les 13 nez riverains, répartis sur les quatre communes concernées, ont réalisé :

  • Des olfactions régulières, à leur domicile ou sur leur lieu de travail, deux fois par jour à heure fixe (matin et soir), durant deux périodes : avril à juin, puis octobre à décembre 2024.
  • Des olfactions complémentaires, effectuées de manière autonome à tout moment et en tout lieu du périmètre d’étude, en cas de perception d’une odeur. Ces observations visent notamment à identifier les signalements olfactifs, c’est-à-dire les perceptions d’odeurs à forte intensité.
Figure 1 : chronologie des olfactions sur l’année 2024

Chaque olfaction permet de consigner : (1) la (ou les) note(s) odorante(s) perçues, (2) l’intensité odorante, (3) l’heure de l’olfaction et (4) le positionnement géographique.

Résultats généraux

Entre le 15 avril et le 31 décembre 2024 :

  • 354 perceptions ont été enregistrées.
  • 134 journées odorantes ont été recensées, soit 76 % des jours de relevés réguliers.
  • 49 % des journées comportaient au moins une odeur d’intensité modérée, 26 % des journées des odeurs faibles, et 2 journées ont donné lieu à un signalement olfactif (intensité forte).
  • Les deux signalements concernaient les notes propylmercaptan (source : raffinerie) et sulfurol (source : Cargill).

Par rapport à la période 2016–2020, l’année 2024 se distingue par un nombre réduit de signalements (2 contre plusieurs dizaines auparavant), ce qui suggère une diminution de la gêne olfactive. Cette baisse pourrait s’expliquer par :

  • Des conditions météorologiques dispersives (pluviométrie élevée, faible ensoleillement, vents de nord-est fréquents).
  • Une couverture de suivi olfactif moins dense à Donges (3 nez en 2024 contre 8 auparavant).
  • Les actions mises en œuvre par les industriels pour diminuer la gêne olfactive.
Figure 2 : répartition annuelle des journées odorantes sur l’année 2024 et comparaison aux années précédentes

(NB : la méthodologie des olfactions ayant changée en 2024 par rapport aux autres années, une comparaison stricto sensu ne peut se faire)

Profils olfactifs par secteur

Sur l’année 2024 :

  • 40 % des notes ressenties sont présentes naturellement dans l'environnement (APE, Geosmine, Hexenol) ou lié à l’agriculture (acide butyrique), et dominent le paysage olfactif de la Basse-Loire.
  • 24 % de notes sont d’origine phénolés pyrogénés, dont la provenance peut être commune à la raffinerie et à Cargill, ou liée à d’autres sources situées dans la zone.
  • 21 % des notes sont de nature soufrée, majoritairement en lien avec les activités de la raffinerie et particulièrement perçues à Donges.
  • 15 % des notes sont du sulfurol, qui est un marqueur des activités de Cargill, et est principalement perçu dans le sud-estuaire.

Les notes odorantes perçues naturellement dans l’environnement correspondent majoritairement à des perceptions à faible intensité. En revanche, les notes soufrées et le sulfurol deviennent dominantes pour les intensités modérées à fortes, témoignant d’une influence des activités industrielles sur le fond odorant de la zone.

  • Le secteur de Donges est le plus exposé aux odeurs, recensant à lui seul 53 % de l’ensemble des perceptions, alors qu’il ne représente que 3 nez parmi les 13 nez actifs. Sur ces perceptions, 40 % des notes odorantes perçues sont d’origine naturelle, 25 % d’origine soufrées, et 11 % sont associées au sulfurol.
  • Le secteur Sud Estuaire est le moins odorant, mais recense majoritairement des notes soufrées et sulfurol, même à faible intensité, témoignant de l’influence de la raffinerie et de Cargill jusqu’à la rive sud de la Loire par vents de nord.
Figure 3 : synthèse cartographique de la répartition des notes odorantes par secteur géographique sur la Basse-Loire

Perspectives

Le suivi des odeurs se poursuit selon la même méthodologie sur l’année 2025, et permettra de suivre l’évolution des olfactions sur une année supplémentaire ainsi que de dégager des tendances à moyen terme.