- Air extérieur
26/06/2025
Dans le cadre du suivi réalisé par Air Pays de la Loire autour de l'écocentre situé sur l'île de Nantes, des concentrations élevées en particules ont été enregistrées ces derniers jours. Nous vous proposons une analyse des relevés.
Contexte du suivi de la qualité de l’air
Au sud-ouest de l’île de Nantes, un centre (nommé « écocentre ») de traitement et d’entreposage de terres, de gravats, de béton, issus des chantiers du secteur a été mis en service le 24 février 2025, afin d’optimiser le réemploi et la mutualisation des matériaux des différents projets urbains, à l’échelle de l’île de Nantes.
Dans le cadre de ce projet conduit par la Samoa (aménageur urbain), Air Pays de la Loire assure pendant la première année d’exploitation du centre, un suivi de la qualité de l’air, au niveau des plus proches riverains. Un bilan du suivi de la qualité de l’air est publié mensuellement par Air Pays de la Loire.
Ce suivi fait également suite à un diagnostic initial réalisé en 2024 par Air Pays de la Loire. Une campagne de mesure d’un mois, au niveau des plus proches riverains du futur centre a été menée. Elle avait pour objectif de caractériser la qualité de l’air, avant la mise en service de l’écocentre. Cette campagne de mesure a montré que la qualité de l’air y était caractéristique d’une pollution de fond urbain sans influence de sources particulières [1].
Les polluants mesurés dans le cadre du suivi sont :
Mesures en temps réel
- Les particules PM10 (diamètre inférieur à 10 µm) ;
- Les particules fines PM2.5 (diamètre inférieur à 2,5 µm) ;
- Le dioxyde d’azote (NO2) ;
- Le monoxyde de carbone (CO).
Mesures en différé (analyses en laboratoire)
- Des composés organiques volatils : benzène, éthylbenzène*, toluène*, m+p-xylène*, o-xylène*, trichloroéthylène*, naphtalène* ;
- Des métaux particulaires : arsenic, cadmium, nickel, plomb.
* polluant ne faisant pas l’objet de réglementation dans l’air ambiant
Compte-tenu de sa spécificité, cette station n’est pas intégrée au réseau de mesure de surveillance réglementaire, et à ce titre n’est pas intégrée au processus de déclenchement de procédures préfectorales lors d’épisodes de pollution.
Observations du 23 au 25 juin
Depuis lundi 23 juin, des concentrations élevées en particules PM10 sont enregistrées sur le site de Prairie au Duc, implantée le long du boulevard de l’Estuaire sur l’Ile de Nantes.
Les concentrations moyennes journalières mesurées durant ces journées dépassent le seuil réglementaire d’information et de recommandation fixé à 50 µg/m3.
Le tableau suivant compare les concentrations journalières relevées à Prairie au Duc ainsi que sur les autres stations de mesure implantées sur le territoire de Nantes Métropole :
- Bouteillerie, station de fond urbain à Nantes,
- Trentemoult station urbaine sous influence industrielle,
- Les Couëts, station urbaine sous influence industrielle à Bouguenais,
- Frères Goncourt, station de trafic routier à Nantes.

Le graphique suivant présente les évolutions des concentrations horaires en particules PM10 sur les différentes stations à Nantes, entre le 23 et 26 juin.

Figure 1 : concentrations horaires en particules PM10 du 23 au 26 juin
Ces niveaux révèlent une pollution localisée.
Parallèlement les concentrations en particules fines PM2.5 mesurées ont également été supérieures à celles relevées sur les autres stations de mesure à Nantes.


Figure 2 : concentrations horaires en particules fines PM2.5 du 23 au 26 juin
Origine de la pollution
Actuellement les chantiers des futurs Jardins de l’Estuaire (le long du boulevard de l’Estuaire, côté ouest) et les futurs Jardins du Rail font l’objet d’importants terrassements, pour la pose de réseaux (dans une bande très proche du boulevard).
Les sols sont actuellement très secs.

Photo de la station de mesure Prairie au Duc et activités de chantier. Source : Air Pays de la Loire
Les vents ont évolué durant ces trois journées, de secteur sud-ouest à ouest, avec parfois des vents faibles (44% du temps), défavorables à la dispersion des polluants. La station de mesure était donc sous les vents des chantiers.
Par ailleurs, chaque jour, les concentrations horaires observées se sont élevées entre 8h et 19h, donc de manière corrélée aux activités de chantier. En dehors de ces horaires, les concentrations horaires en PM10 ont été comparables à celles enregistrées sur les autres sites.
Sur la base de ces observations, l’épisode de de pollution par les particules est dû aux chantiers qui sont actuellement en cours entre l’écocentre et la station de mesure.
Recommandations sanitaires
Le seuil d’information et de recommandation correspond à un niveau au-delà duquel une exposition de courte durée présente un risque pour la santé humaine de groupes particulièrement sensibles au sein de la population (Art. R221-1 du Code de l'Environnement).
Les recommandations sanitaires en cas de pic de pollution, notamment pour les personnes vulnérables et sensibles sont rappelées ci-dessous.
Maintenir les pratiques habituelles de ventilation et d’aération. Éviter de s’exposer à des facteurs irritants : fumée de tabac, utilisation de solvants en espace intérieur, chauffage au bois, exposition aux pollens…Continuer à pratiquer la marche et le vélo à un rythme modéré.
Tout public
- réduire, voire reporter les activités physiques et sportives intenses (qui obligent à respirer par la bouche), dont les compétitions.
- privilégier des sorties plus brèves et celles qui demandent le moins d'effort.
- en cas de gêne respiratoire ou cardiaque, consulter un professionnel de santé.
Personnes sensibles et vulnérables*
- privilégier les activités physiques et sportives modérées.
- éviter les zones à fort trafic routier, aux périodes de pointe.
- privilégier des sorties plus brèves et celles qui demandent le moins d'effort.
- en cas de gêne respiratoire ou cardiaque, consulter un professionnel de santé.
- prendre conseil auprès d’un médecin pour savoir si le traitement médical doit être adapté.
* personnes sensibles aux pics de pollution : personnes se reconnaissant comme sensibles lors des pics de pollution et/ou dont les symptômes apparaissent ou sont amplifiés lors des pics (par exemple : personnes diabétiques, personnes immunodéprimées, personnes souffrant d'affections neurologiques ou à risque cardiaque, respiratoire, infectieux).
* personnes vulnérables : femmes enceintes, nourrissons, enfants de moins de 5 ans, personnes de plus de 65 ans, sujets asthmatiques, souffrant de pathologies cardiovasculaires, insuffisants cardiaques ou respiratoires
[1] Rapport disponible à l’adresse suivante : https://www.airpl.org/rapport/projet-ecocentre-evaluation-de-la-qualite-de-l-air-etat-initial-campagne-mai-2024