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Surveillance des pesticides dans l’air ambiant en Pays de la Loire, résultats 2018 à 2020

  • Air extérieur

Depuis 2018 Air Pays de la Loire surveille les niveaux de pesticides dans l’air de la région. Ce rapport présente les résultats obtenus de juin 2018 à décembre 2020.

Un suivi depuis 2018

Dans le cadre de la campagne nationale exploratoire de surveillance des pesticides dans l’air ambiant qui avait pour objectif d’établir le premier état des lieux harmonisé des niveaux de concentration en résidus de pesticides, Air Pays de la Loire a mis en œuvre de juin 2018 à juin 2019, 3 stations de mesure respectivement sur les communes de Saint-Julien de Concelles (site à dominante maraichage-viticulture), de Pouillé (site de grandes cultures) et à Angers au niveau du quartier Monplaisir potentiellement influencé par les traitements arboricoles et viticoles.
Grâce à un financement quadripartite (DRAAF, DREAL, ARS, Air Pays de la Loire), cette surveillance a été prolongée jusque fin décembre 2020 et complétée par l’intégration de deux stations de mesure supplémentaires : sur un site à dominante polyculture-élevage et grandes cultures dans le nord de la Région (Marolles-les-Braults) en juillet 2019, et sur un site à dominante viticole (La Chapelle-Heulin) en mai 2020.

 

Localisation des sites de mesures des pesticides dans les Pays de la Loire
Localisation des sites de mesures des pesticides dans les Pays de la Loire


76 molécules ont été analysées de façon hebdomadaire selon la stratégie d’échantillonnage proposée par l’Anses  intégrant des prélèvements plus fréquents en période de traitements agricoles.
L’objectif de ce suivi est double :

  • apporter des éléments d’information (concentrations atmosphériques) aux organismes de santé sur l’exposition par inhalation de la population générale aux pesticides présents dans l’air ;
  • suivre sur le long terme l’impact des actions régionales de réduction de l’utilisation des phytosanitaires mises en œuvre dans le cadre du plan Ecophyto sur les concentrations enregistrées dans l’air.

Ce rapport regroupe les résultats obtenus à partir de juin 2018 jusqu’au 31 décembre 2020.


Résultat 1 : 49 molécules retrouvées dans l’air

frequences de quantification des 76 molecules
Fréquences de quantification des 76 molécules étudiées tous sites confondus
 


Sur les 76 substances actives recherchées, 49 ont été quantifiées au moins une fois. La fréquence de quantification est très variable d’une substance à l’autre.
On peut distinguer des molécules fréquemment détectées (fréquences supérieures à 30 %), comme le lindane, la pendiméthaline, le métolachlore (-s), le triallate, le prosulfocarbe. Le lindane a été quantifié dans plus de 90 % des échantillons. Le chlorothalonil, le chlorpyriphos méthyl, le diflufénicanil, le folpel et le propyzamide ont été quantifiés moins fréquemment (fréquence de quantification comprises entre 10 % et 30 %). Les autres molécules ont été quantifiées dans des proportions plus faibles, inférieures à 10 %.
La fréquence de quantification n’est pas systématiquement liée à la concentration moyenne mesurée (pour exemple, le lindane a été fréquemment quantifié mais à des concentrations inférieures à 0,5 ng/m3).
Le prosulfocarbe (herbicide de grandes cultures) présente la concentration moyenne la plus élevée (4,5 ng/m3) tous sites confondus. Cette molécule est particulièrement sensible à la dérive et à la volatilisation après pulvérisation et, de fait, a une forte tendance à se retrouver dans l’air.

 

Résultat 2 : une prépondérance des herbicides dans l’air

Contribution du type de pesticides à la concentration totale sur le site de Pouille
Contribution du type de pesticides à la concentration totale sur le site de Pouillé
 
Contribution-du-type-de-pesticides-a-la-concentration-totale-sur-le-site-de-Saint-Julien-de-Concelles
Contribution du type de pesticides à la concentration totale sur le site de Saint-Julien-de-Concelles


Sur l’ensemble des sites quel que soit leur environnement, une prédominance des herbicides avec notamment la présence du prosulfocarbe et dans une moindre mesure de la pendiméthaline est observée. Cette prédominance des herbicides a également été observé lors de la campagne nationale.
Cette prédominance des herbicides s’accentue sur les sites de « grandes cultures » (Pouillé et Marolles-les-Braults) où ce type de pesticides est le plus utilisé notamment des molécules volatiles comme le prosulfocarbe, la pendiméthaline, le métolachlore(-s). Les fongicides sont moins représentés dans l’air que les herbicides mais peuvent l’être de façon significative notamment à La Chapelle-Heulin, Saint-Julien de Concelles et Angers. Parmi les fongicides, le folpel est le plus présent dans l’air en particulier sur les sites localisés à proximité de vignes (La Chapelle-Heulin, Saint-Julien-de-Concelles). Le folpel est notamment utilisé pour lutter contre le mildiou en zone viticole. Les insecticides sont très minoritaires par rapport aux herbicides et insecticides.

 

Résultat 3 : une concentration moyenne plus élevée sur les sites proches de grandes cultures

Concentration-moyenne-par-type-de-pesticides-du-12-mai-2020-au-31-decembre-2020-sur-les-sites-de-Angers-Saint-Julien-de-Concelles-Pouille-Maro
Concentration moyenne par type de pesticides du 12 mai 2020 au 31 décembre 2020 sur les sites de Angers, Saint-Julien-de-Concelles, Pouillé, Marolles-les-Braults et la Chapelle-Heulin
 


Les sites à dominante de grandes cultures (Marolles-les-Braults, Pouillé) présentent des concentrations moyennes, tous pesticides confondus, sensiblement équivalentes entre eux et supérieures aux autres sites en lien avec la présence d’herbicides (prosulfocarbe, pendiméthanile métolachlore(-s)). Le site de la Chapelle-Heulin présente une concentration intermédiaire (à confirmer lors de l’intégration des résultats de 2021). Enfin les sites de Saint-Julien de Concelles et d’Angers présentent des niveaux moyens sensiblement équivalents, les plus faibles. L’environnement proche de ces deux sites (moins de grandes cultures et de vignes par rapport aux autres sites) peut expliquer cette observation. Ces observations sont cohérentes avec les résultats enregistrés lors de la campagne nationale.

 

Résultats 4 : des concentrations plus élevées à l’automne

Evolution-temporelle-des-concentrations-en-pesticides-a-Angers-juin-2018-decembre-2020
Évolution temporelle des concentrations en pesticides à Angers (juin 2018 - décembre 2020)

Sur l’ensemble des sites, l’évolution temporelle au sein de l’année est comparable, avec la présence des concentrations les plus élevées en octobre et novembre liées à la présence d’herbicides dans l’air. Elle est particulièrement visible sur les sites de grandes cultures (Pouillé et Marolles-les-Braults). Cette évolution est liée aux désherbages des céréales d’hiver notamment avec du prosulfocarbe. Les fongicides se retrouvent essentiellement au printemps tandis que les insecticides, très minoritaires sont présents tout au long de la période.
Le suivi réalisé sur plusieurs années permet également d’observer des variations interannuelles.
Par exemple, les niveaux en prosulfocarbe (herbicide de grande culture) sur le site de Pouillé mesurés à l’automne 2019 sont particulièrement faibles par comparaison aux automnes 2018 et 2020. En 2019, les applications de prosulfocarbe à l’automne ont été fortement réduites voire non réalisées, en raison de conditions météorologiques très défavorables à son application : pluies abondantes en novembre 2019.
A Saint-Julien-de-Concelles, les niveaux en folpel en juin 2018 ont été particulièrement élevés par rapport aux mois de juin 2019 et 2020. Une forte pression du mildiou en lien avec des conditions météorologiques propices à son développement (forte pluviométrie), a nécessité des traitements plus intenses en 2018.

 

Perspectives

La poursuite du suivi régional des pesticides dans l’air sur les 5 sites est prévue jusqu’au 31 décembre 2021. Cette prolongation permettra d’étudier une nouvelle année et ainsi de confirmer les évolutions des concentrations observées. Cette année supplémentaire de mesure permettra également d’approfondir l’étude des variations interannuelles des niveaux enregistrés en lien avec les conditions météorologiques.
Enfin, des réflexions sont en cours au niveau national par le Ministère de l’Environnement et la Fédération ATMO pour pérenniser des mesures de pesticides sur un site par région administrative. En Pays de la Loire, le site pressenti est celui d’Angers car localisé dans un bassin de vie important et influencé par les traitements de cultures agricoles environnantes.