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Évaluation de la qualité de l'air intérieur dans une maison de Mesnard la Barotière avant et après travaux de rénovation

  • Air intérieur

Cette première phase de mesures avant travaux a mis en évidence des concentrations en aldéhydes et benzène plus importantes dans la pièce de vie que dans la chambre, en lien avec la présence des occupants (ménage, cuisine…). Le rapport met en perspective les niveaux mesurés avec les valeurs guides et valeurs de gestion.

contexte : une demande de la collectivité

Après une étude réalisée en 2010 et 2011 dans la maison éco-performante, dont le but était de vérifier que le mode constructif de cette maison assurait une meilleure qualité sanitaire du bâtiment, la Communauté de Communes du Pays des Herbiers a de nouveau sollicité Air Pays de la Loire pour faire des mesures de l'air intérieur dans une maison à Mesnard la Barotière avant et après travaux de rénovation.

objectifs : évaluation de la qualité de l'air et préconisations relatives aux matériaux de rénovation

L’objectif de la campagne est d’évaluer la qualité de l’air intérieur dans deux pièces de la maison avant et après sa rénovation, afin d’évaluer l’impact des travaux de rénovation sur la qualité de l’air intérieur. Des préconisations relatives au choix des matériaux de rénovation et pour le futur mobilier sont également fournies.

moyens : des mesures de polluants prioritaires et de confinement

Deux groupes de mesure des composés organiques volatils (COV) sont surveillés : les aldéhydes[1] et les BTEX[2], dont le formaldéhyde et le benzène, polluants dont la surveillance est considérée comme étant prioritaire par l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (ANSES).
Un suivi complémentaire du dioxyde de carbone indicateur de confinement, de la température et de l’humidité relative par un appareil enregistreur est également effectué dans les deux pièces de la maison.
Les mesures sont réalisées sur une durée d’une semaine en présence des locataires avant les travaux (juillet 2012) et une semaine après les travaux (période 2 en 2013) au niveau de deux pièces de la maison (pièce de vie, chambre). Ce rapport présente les résultats obtenus lors de la campagne de mesure menée en juillet 2012.
[1] Formaldéhyde, acétaldéhyde, acroléine, propanal, butanal, benzaldéhyde, isopentanal, pentanal, hexanal.
[2] Benzène, toluène, éthylbenzène, méta-ortho-paraxylène.

résultats : un niveau moyen de confinement faible et des teneurs en aldéhyde et BTEX non négligeables

des niveaux de température et humidité relative situés dans la zone de confort

Sachant que la zone optimale de confort se situe entre 18 et 25°c pour la température et 35 et 70 % pour l’humidité relative, les paramètres enregistrés dans les deux pièces de la maison se situent dans cette zone optimale de confort.

Diagramme de confort hygrothermique (ISELT P., ARNDT U., CAUCHEPIN J.L, Manuel de l'humidification de l'air, 1997 - 240 p., Paris)
Diagramme de confort hygrothermique (ISELT P., ARNDT U., CAUCHEPIN J.L, Manuel de l'humidification de l'air, 1997 - 240 p., Paris)

un niveau moyen de confinement faible dans les deux pièces

Témoin du confinement, la mesure du dioxyde de carbone (CO2) est un indicateur de la qualité du renouvellement de l’air dans des locaux. La recommandation du règlement sanitaire départemental indique de ne pas dépasser 1000 ppm avec une tolérance à 1300 ppm dans les lieux où il est interdit de fumer.
Les concentrations moyennes enregistrées dans les deux pièces indiquent un faible niveau de confinement deux fois plus faible que le seuil préconisé par le RSD.

Concentrations moyennes en dioxyde de carbone dans les deux pièces
Concentrations moyennes en dioxyde de carbone dans les deux pièces

des teneurs en formaldéhyde proche de la valeur guide de 30 µg/m3 dans la pièce de vie

Les résultats des concentrations moyennes en aldéhydes à l’intérieur des deux pièces sont représentés sur la figure ci-après. Le niveau moyen en aldéhydes est supérieur dans la pièce de vie comparé à celui mesuré dans la chambre. La pièce de vie est en effet plus exposée aux activités humaines (tabagisme, désodorisant, cuisine) et par conséquent aux sources de pollution.

Concentrations moyennes en aldéhydes mesurées dans les deux pièces
Concentrations moyennes en aldéhydes mesurées dans les deux pièces

Le formaldéhyde présente une concentration moyenne de 31,2 µg/m3 dans la pièce de vie et de 24,2 µg/m3 dans la chambre avant travaux. La concentration mesurée au sein de la pièce de vie dépasse légèrement la valeur guide de 30 µg/m3 pour une exposition long terme à compter du 1er janvier 2015 et est 3 fois supérieure à la valeur guide de 10 µg/m3 à compter du 1er janvier 2023. Cette dernière valeur guide est également dépassée dans la chambre.
Dans la maison de Mesnard la Barotière, le niveau moyen en formaldéhyde est supérieur aux concentrations mesurées dans la maison éco-performante des Herbiers après livraison (20,3 µg/m3 dans la pièce de vie et 17 µg/m3 dans la chambre). Ce niveau mesuré s’explique par la pratique du tabagisme dans la maison de Mesnard la Barotière.

Des teneurs en benzène au niveau de la valeur repère dans la pièce de vie
Les niveaux moyens en BTEX mesurés dans la pièce de vie sont supérieurs d'un facteur 2 à 4 comparés à ceux mesurés dans la chambre (cf. figure suivante), cette pièce étant davantage exposée aux activités humaines, sources de pollution intérieure (tabagisme dans pièce de vie, désodorisant). Les niveaux extérieurs mesurés sont très faibles indiquant un moindre niveau de pollution d'origine extérieure.

Concentrations moyennes en BTEX mesurés dans les deux pièces et à l’extérieur
Concentrations moyennes en BTEX mesurés dans les deux pièces et à l’extérieur

Le benzène est classé comme polluant prioritaire et bénéficie de valeurs guides qui servent de valeurs de référence pour cette étude. La concentration moyenne en benzène est de 5 µg/m3 dans la pièce de vie et de 3,2 µg/m3 dans la chambre avant travaux. Le niveau moyen en benzène dans la chambre est égal à la valeur guide de 5 µg/m3 pour une exposition long terme (à compter du 1er janvier 2013). Cette situation n’est pas complètement favorable et peut être expliquée par le tabagisme pratiqué dans cette pièce et par l’utilisation de déodorants, émetteurs de COV.
Les concentrations moyennes mesurées dans les deux pièces sont supérieures à la valeur guide de 2 µg/m3 pour une exposition long terme à compter du 1er janvier 2016.

conclusions et perspectives

Cette étude sur la qualité de l'air intérieur dans la maison de Mesnard la Barotière, avant les travaux de rénovation a mis en évidence :

  •   un niveau de confinement peu important dans les deux pièces de la maison. Le confinement moyen ne dépasse pas le seuil de 1 000 ppm fixé par le règlement sanitaire départemental (RSD) ;
  •   des concentrations moyennes en aldéhydes et BTEX plus importants dans la pièce de vie en lien avec des activités, sources de pollution intérieure (tabagisme, désodorisant, cuisine).
  •   la concentration moyenne en formaldéhyde mesurée au sein de la pièce de vie dépasse légèrement la valeur guide de 30 µg/m3 pour une exposition long terme à compter du 1er janvier 2015 et donc supérieure à la valeur guide de 10 µg/m3 à compter du 1er janvier 2023. L’arrêt du tabagisme dans la pièce de vie permettrait un abaissement du niveau de formaldéhyde mesuré. Un élément favorable serait également de choisir des matériaux et produits peu émissifs en COV pour la rénovation et pour le futur mobilier.
  •   la concentration moyenne en benzène mesurée dans la pièce de vie est égale à la valeur guide de 5 µg/m3 pour une exposition long terme à compter du 1er janvier 2013 et est supérieure à la valeur guide de 2 µg/m3 pour une exposition long terme à compter du 1er janvier 2016.
  •   cette étude montre la présence non négligeable de polluants intérieurs en particulier dans la pièce de vie et confirment à nouveau que le comportement humain constitue un facteur important pour le maintien d’une bonne qualité de l’air dans les habitations.
  •   la mise en place d'un système de ventilation associée à l'introduction de matériaux de construction peu émissifs devrait réduire ces niveaux de polluants lors de la prochaine campagne de mesure prévue après les travaux de rénovation. Une vigilance doit en plus s’opérer sur l'activité de tabagisme et d'utilisation de désodorisants afin de ne pas altérer la qualité de l’air.

Une seconde période de mesure selon le même protocole sera réalisée en 2013 après la rénovation de l’habitation. La comparaison des niveaux après et avant rénovation permettra d’évaluer l’impact des travaux de rénovation sur la qualité de l’air intérieur.

A plus long terme, il serait utile de poursuivre ce suivi de la qualité de l’air intérieur dans la maison afin de voir l’évolution temporelle des niveaux de COV, plusieurs mois après rénovation. Dans le projet d’étude PREBAT (Programme de Recherche sur l’Energie dans le BATiment) sur le suivi des bâtiments BBC, il est recommandé d’assurer un suivi de la qualité de l’air à la livraison du bâtiment 6 mois puis un an après la livraison. L’application du protocole de mesure du projet PREBAT [8] appliqué à la maison pourrait également élargir le panel des mesures : particules, moisissures, COV élargis.

Enfin, après avoir développé son expertise en matière de surveillance des environnements intérieurs (écoles, crèches, parkings, aérogare), Air Pays de la Loire a mené en 2011 une étude exploratoire relative à la quantification des émissions de formaldéhyde par le mobilier et les produits de construction et de décoration. La maison de Mesnard la Barotière pourrait aussi faire l’objet d’une étude équivalente afin de mieux identifier les sources émissives de formaldéhyde dans les 2 pièces.